Évènement

Les films dans la rue

Le samedi 7 juin 2025
Cet évènement fait partie de Nuit blanche 2025
Le cinéma s’invite dans la ville pour Nuit Blanche, transformant l’espace public en une toile de projection éphémère.
Projections de films
Les grandes réalisatrices Delphine Seyrig, Alice Guy, Germaine Dulac, Chantal Akerman, Agnès Varda et Jacqueline Audry illuminent la nuit de leurs œuvres. Paris et le cinéma ne font plus qu’un. La ville devient la peau du cinéma, se pare d’images et de récits. Ses murs et ses places, sous les étoiles, deviennent des lieux de résistance par l’art. Donner à voir ces films dans l’espace public, c’est rappeler que le cinéma de ces femmes réalisatrices est différent, qu’il est un outil puissant pour interroger le monde, provoquer des émotions et nourrir des réflexions. Les films, projetés dans leur intégralité, refusent le mode de consommation rapide : le spectateur, enveloppé par ces visions, est invité à décélérer, contempler et se laisser surprendre.
Au programme :
  • Agnès Varda, L’une chante et l’autre pas, 120min, 1977
Figure emblématique du cinéma engagé et poétique, Agnès Varda a toujours fait de son art un acte de résistance, un espace de liberté et d’émancipation. Avec L’une chante, l’autre pas, elle plonge le spectateur dans le combat de deux femmes pour leur autonomie et leur droit à disposer de leur corps, à une époque où ces questions étaient encore marquées par de nombreux tabous. En mêlant musique, documentaire et fiction, Agnès Varda transcende les codes du récit classique et propose un cinéma vibrant, à la fois l’intime et universel. Projeter une telle œuvre, c’est affirmer que l’engagement artistique ne connaît ni frontières ni époques : il éclaire les luttes d’hier, résonne avec celles d’aujourd’hui et inspire celles de demain.
⮕ Place Ferdinand Brunot (parvis de la Mairie du 14e arr.) Paris 14e
  • Chantal Akerman, Jeanne Dielman 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles, 198 min, 1975
Ce choix est une déclaration. Film radical, chefd’œuvre féministe et expérimental, Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles défie les conventions narratives. Il dévoile le quotidien d’une femme jusqu’à l’explosion, révélant l’enfermement et la tension par la répétition des gestes et le silence des dialogues. Par cette mise en scène minutieuse, Chantal Akerman fait acte de résistance : contre l’accélération, la facilité, l’invisibilisation des vies silencieuses. Projeter ce film en plein air, c’est réaffirmer que le cinéma est un espace d’insoumission, une arme puissante. C’est affirmer que l’art est un acte de lutte et de liberté.
⮕ Place des Fêtes, Paris 19e
  • Delphine Seyrig, Sois belle et tais toi, 121 min, 1976.
Ce documentaire essentiel donne la parole à des actrices de renommée internationale sur leur place dans l’industrie du cinéma, révélant avec force et lucidité les injonctions, les inégalités et les oppressions qu’elles subissent. En recueillant ces témoignages, Delphine Seyrig s’engage dans une résistance cinématographique : celle de rendre visible ce qui est occulté, de questionner les normes et de revendiquer une parole libre.
⮕ Terrain de sport des jardins Saint-Paul, 9 rue Charlemagne, Paris 4
  • Jacqueline Audry, Olivia, 95 min, 1951.
Le film Olivia de Jacqueline Audry, considéré par de nombreux spécialistes comme le premier film lesbien, est présenté. Jacqueline Audry, dont l’œuvre a souvent été négligée par l’histoire du cinéma, est l’une des rares réalisatrices à avoir imposé sa voix dans un cinéma français d’après-guerre encore verrouillé par les hommes. Son regard interroge la construction des désirs féminins et le poids des conventions sociales. Là où le cinéma de son époque tend à figer les femmes dans des archétypes – mères dévouées, ingénues innocentes ou fatales manipulatrices – la cinéaste filme des héroïnes ambivalentes, libres d’expérimenter leur propre trajectoire. La redécouverte de ce film souligne aussi les angles morts de l’histoire du cinéma : pourquoi Jacqueline Audry, malgré son succès public, a-t-elle été si peu considérée par la critique et les institutions ? Pourquoi son œuvre n’a-t-elle pas trouvé la place qu’elle mérite dans la mémoire collective du 7e art ?
⮕ Place Nathalie Sarraute, Paris 18e
  • Alice Guy, Madame à des envies, 4min, 1906 et Germaine Dulac, La Souriante Madame Beudet, 38min, 1923.
Avec ces deux propositions, ce sont deux regards avant-gardistes sur la condition féminine qui se répondent. Le film d’Alice Guy est une comédie burlesque audacieuse mettant en scène une femme enceinte prise de désirs irrépressibles, détournant avec humour les codes du cinéma d’alors. La première réalisatrice de fiction de l’histoire y fait preuve d’un sens du rythme et d’une liberté de ton remarquables. Quant au film de Germaine Dulac, il est considéré par certains comme le premier film lesbien et féministe de l’histoire. Le film met en scène une femme, mariée à un homme autoritaire dépourvu d’imagination, rêvant d’échapper à son quotidien lancinant. Par un travail novateur sur le montage et l’expression des pensées intérieures, Germaine Dulac signe un drame poétique brillant.
⮕ Façade de l’immeuble au 115 quai de Valmy, Paris 10e

Mise à jour le 15/05/2025

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